L'importance de la pré-rééducation


Les procédures médicales majeures telles que la chirurgie ou la chimiothérapie sont vitales, mais elles demeurent très agressives pour les fonctions du corps, entraînant une réduction notable de l'état fonctionnel après la procédure, suivie d'une période de récupération qui peut durer des années après la sortie de l'hôpital.
 
Ces dernières années, une attention accrue a été portée au concept de « pré-rééducation » et à l'amélioration du niveau de base de santé fonctionnelle et de forme physique du patient avant la procédure médicale, afin qu'il soit mieux préparé à récupérer par la suite.
 
Le graphique ci-dessus, tiré des « Clinical guideline and recommendations on pre-operative exercise training in patients awaiting major non-cardiac surgery » (Anaesthesia 2018;73:750–68.), explique visuellement le concept de pré-rééducation ! Après une intervention médicale majeure comme une chirurgie, une baisse significative de la réserve physiologique/capacité fonctionnelle se produit, suivie d'une phase de récupération et de rééducation (A). Ceux qui ont une réserve physiologique/capacité fonctionnelle plus faible peuvent être exposés à un risque accru de complications périopératoires, ce qui peut également entraîner des récupérations plus lentes ou incomplètes (B). Ainsi, la pré-rééducation est recommandée, car elle leur confère une réserve physiologique/capacité fonctionnelle plus élevée avant la chirurgie, les aidant à récupérer plus rapidement et à un niveau supérieur (C). Même en cas de complications, ils sont toujours mieux placés pour conserver une meilleure fonctionnalité et qualité de vie à long terme (D).
 
Comment se déroule la pré-rééducation ?
 
Généralement, les programmes de pré-rééducation sont divisés en 4 étapes :
 
  • Dépistage (tous les patients)
  • Évaluation (patients à risque)
  • Intervention
  • Suivi
 
Dépistage
Cette étape comprend l'évaluation du poids et de la composition corporelle, du niveau d'activité physique/de force du patient, des habitudes de vie nocives telles que le tabagisme et l'alcool, ainsi que de l'état psychologique et du bien-être mental. L'objectif est de déceler les problèmes ou faiblesses possibles à un stade précoce et d'aider le patient à être en aussi bonne forme que possible avant la procédure.
 
Évaluation
Selon les résultats du dépistage, une évaluation supplémentaire peut être utile pour identifier la formation ou les ajustements spécifiques les mieux adaptés à la situation du patient. Par exemple, si le dépistage de l'activité physique indique qu'un patient peut avoir un faible niveau de forme physique (manque d'exercice régulier), une évaluation de la condition physique peut être effectuée, par des méthodes telles que l'évaluation de la force de préhension, le test de marche de 6 minutes, etc. 
 
Généralement, une évaluation de la composition corporelle peut également être incluse pour déterminer la quantité de muscle et de graisse dans le corps, et planifier des interventions qui les ramènent tous deux à un niveau plus sain. Dans l'ensemble, l'évaluation aide l'équipe de pré-rééducation à déterminer les besoins du patient, le soutien nécessaire et les meilleures méthodes pour améliorer la santé physique, nutritionnelle et mentale globale dans le temps limité avant la procédure médicale.
 
Intervention
Cela désigne simplement les diverses actions entreprises pour améliorer la situation du patient, qu'il s'agisse d'arrêter l'alcool, de commencer un programme de remise en forme, de consulter un psychologue pour se préparer mentalement, de travailler avec un diététicien pour établir et suivre un régime alimentaire plus sain, et d'autres méthodes.
 
Suivi
Il est important de suivre de près l'efficacité des activités de pré-rééducation, afin de les ajuster si nécessaire. Généralement, les méthodes utilisées lors de l'évaluation peuvent être employées pour aider à suivre les progrès, en plus des conseils et des encouragements si besoin est.
 
Le tableau suivant donne un aperçu des stratégies de pré-rééducation des facteurs de risque courants :

Facteur de risque Dépistage Évaluation Intervention Objectifs de la pré-rééducation
Activité physique Demander si le patient fait suffisamment d'exercice régulièrement. Ceux qui ne le font pas devraient se voir proposer une pré-rééducation par l'exercice. Condition physique, incluant, sans s'y limiter, des tests cardio, des tests de marche, des tests de force de préhension, etc. Programme combiné d'entraînement aérobie et de résistance, basé sur les résultats de l'évaluation objective de la condition physique. Améliorer la capacité aérobie, développer la masse musculaire.
Entraînement des muscles inspiratoires Évaluer le score de l'indice de risque respiratoire chez les patients chirurgicaux en Catalogne (ARISCAT). Ceux ayant un risque « intermédiaire » ou « élevé » devraient envisager un entraînement des muscles inspiratoires.   Programme structuré d'entraînement des muscles inspiratoires. Développer les muscles respiratoires pour réduire le risque de complications pulmonaires.
Tabagisme Confirmer si le patient fume, et si oui, offrir de l'aide pour arrêter.   Programme de sevrage (ex : combinaison de conseils et de thérapie de remplacement de la nicotine). Arrêter de fumer avant l'opération.
Alcool Confirmer si le patient boit, et en quelle quantité. Ceux qui ont une consommation « dangereuse » devraient faire l'objet d'une évaluation supplémentaire. Test d'identification des troubles liés à l'usage de l'alcool (AUDIT) pour ceux qui consomment davantage. Services d'intervention en matière d'alcool. Réduire la consommation d'alcool à des niveaux non dangereux.
Nutrition Outil universel de dépistage de la malnutrition (MUST). Évaluation par un diététicien/nutritionniste. Identifier les carences en nutriments, notamment en protéines après l'entraînement physique. Améliorer la malnutrition avant la procédure, avec un régime alimentaire qui soutient l'entraînement physique.
Facteurs psychologiques Échelle d'anxiété et de dépression hospitalière (HADS). Dépression, anxiété et faible estime de soi mal contrôlées qui pourraient réduire l'engagement dans la pré-rééducation. Développer la confiance, programmes d'éducation, avis spécialisé. Améliorer le contrôle de l'anxiété et de la dépression, développer la confiance en soi pour s'engager dans la pré-rééducation et la procédure.
Pour en savoir plus, nous vous recommandons de lire des ouvrages supplémentaires, tels que cet article publié dans Clinical Medicine (Londres), qui examine les preuves scientifiques du concept de pré-rééducation et l'impact de celle-ci, les principes pour développer la pré-rééducation en pratique, et d'autres détails de mise en œuvre pratique.
 
L'utilisation des outils appropriés pour l'évaluation et le suivi est importante pour évaluer les progrès d'un patient dans sa démarche de pré-rééducation. Des appareils tels que les dynamomètres de force de préhension ou les analyseurs de composition corporelle sont des méthodes rapides et faciles à utiliser qui fourniront aux praticiens un bon aperçu !

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